Fin de bail rural : comment récupérer ses terres / parcelles ?
- Robin GALLAND
- 5 oct.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 nov.
Le bail rural protège fortement le locataire exploitant, mais certaines situations permettent au propriétaire de reprendre ses terres.
Encore faut-il respecter les conditions et délais fixés par le Code rural.
Tour d’horizon des cas de résiliation, reprise et fin de bail rural, et des précautions à prendre avant toute démarche.
Le principe - un bail rural à durée longue et protectrice :
Le bail rural, ou bail à ferme, est conclu pour une durée minimale de neuf ans (art. L.411-4 du Code rural) et se renouvelle tacitement à défaut de congé régulier.
Ce principe garantit au preneur une réelle stabilité d’exploitation, ce qui justifie l’encadrement strict des congés délivrés par le bailleur.
Certains baux ruraux sont conclus pour une durée supérieure à celle du bail classique de neuf ans : il s’agit notamment des baux à long terme, régis par les articles L.416-1 et suivants du Code rural. Constitués par acte notarié, ils sont conclus pour 18 ans au minimum, et peuvent aller jusqu’à 25 ans ou même la retraite du preneur dans le cadre d’un bail de carrière.
Les cas dans lesquels le bailleur peut récupérer ses terres :
La reprise pour exploitation personnelle ou familiale (art. L.411-58 et s. du Code rural) :
La reprise des terres est possible à l’expiration du bail, lorsque le bailleur souhaite les exploiter lui-même ou les confier à un membre proche de sa famille ; descendant, conjoint ou partenaire lié par un PACS (articles L.411-58 et suivants du Code rural).
Le bailleur doit toutefois notifier le congé au preneur au moins dix-huit mois à l’avance, par acte de commissaire de justice (huissier). Cette notification doit indiquer précisément le motif de la reprise et l’identité du bénéficiaire.
Celui-ci est tenu d’exploiter personnellement les parcelles pendant au moins neuf ans, et le bailleur doit être en mesure de justifier des capacités professionnelles et matérielles nécessaires à cette exploitation.
En pratique, toute irrégularité dans la notification ou dans la réalité du projet peut conduire le Tribunal paritaire des baux ruraux à annuler la reprise.
La résiliation pour faute du preneur (art. L.411-31 du Code rural) :
La résiliation du bail rural peut être demandée lorsque le preneur manque à ses obligations essentielles : non-paiement du fermage, non-exploitation effective, changement d’activité, abandon de culture ou encore sous-location non autorisée (article L.411-31 du Code rural).
Selon la gravité du manquement invoqué, le bailleur doit, dans certains cas, adresser au preneur une mise en demeure restée sans effet avant de saisir le Tribunal Paritaire des Baux Ruraux, seul compétent pour prononcer la résiliation.
Cette mise en demeure doit respecter un formalisme strict, notamment quant à son contenu, à la description des manquements reprochés et à son mode de notification, afin d’être valablement opposable au preneur et de fonder utilement la demande en résiliation.
Le juge apprécie alors la gravité et la réalité de la faute. Certaines négligences isolées ou irrégularités de faible ampleur ne suffisent pas toujours à justifier la rupture du bail.
Les autres cas de non-renouvellement :
D’autres situations peuvent également conduire à un non-renouvellement du bail rural. Il en est ainsi notamment en cas de départ à la retraite du preneur ou de cessation définitive d’activité agricole, qui entraînent la fin du bail à son échéance.
La fin du bail peut aussi résulter d’une expropriation pour cause d’utilité publique ou du déclassement du terrain, lorsque celui-ci perd sa vocation agricole.
Enfin, le bailleur peut, dans certains cas, envisager une reprise pour construction ou changement d’affectation, mais cette démarche obéit à une procédure spécifique et particulièrement encadrée, qui suppose le respect de conditions de fond et de forme strictes.
Le contrôle du Tribunal paritaire des baux ruraux :
En cas de contestation du congé ou de la résiliation, le Tribunal paritaire des baux ruraux est seul compétent pour trancher le litige.
Cette juridiction spécialisée, composée à la fois de juges professionnels et de représentants du monde agricole, veille à l’équilibre entre la protection du preneur et les droits légitimes du bailleur.
Les erreurs fréquentes à éviter :
Plusieurs erreurs de procédure peuvent compromettre la validité d’un congé ou d’une reprise de terres.
La plus courante demeure la notification tardive du congé, adressée moins de dix-huit mois avant l’expiration du bail, ce qui entraîne son irrégularité.
Le bailleur doit également veiller à justifier la réalité de l’exploitation personnelle. Un motif imprécis ou mal qualifié peut lui aussi faire échec à la procédure, le congé devant mentionner clairement les fondements légaux de la demande.
Le respect scrupuleux de ces exigences est donc essentiel pour sécuriser la démarche et éviter une contestation devant le Tribunal paritaire.
S’agissant des procédures de résiliation, une autre erreur courante tient aux mentions manquantes dans la mise en demeure. Ces omissions privent souvent la mise en demeure de son effet et affaiblissent la demande ultérieure devant le Tribunal.
Conseils pratiques et conclusion :
Mettre fin à un bail rural ne s’improvise pas.
La reprise de terres agricoles exige rigueur, anticipation et respect scrupuleux des formalités légales.
La réussite d’un projet de reprise repose sur une préparation solide.
Une mauvaise mise en demeure, un congé mal rédigé ou notifié hors délai peut, à l’inverse, entraîner la reconduction automatique du bail pour neuf ans supplémentaires.
D’où l’importance d’un accompagnement juridique dès les premières étapes : un avocat en droit rural saura sécuriser la procédure, prévenir les erreurs de forme et éviter un contentieux long et coûteux.
**
Vous êtes propriétaire de terres agricoles et envisagez de mettre fin à un bail rural, ou au contraire exploitant confronté à un congé ou à un projet de reprise ?
J’interviens aux côtés des bailleurs comme des preneurs pour sécuriser leurs démarches, préparer les notifications et défendre leurs droits en cas de litige.
Contactez moi pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé.




Commentaires